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préhensibles, de ces singuliers défenseurs et sauveurs de la France.

Animés de cet esprit et poursuivant ce but, ils sont forcément poussés vers la réaction. Comment pourraient-ils servir et provoquer la révolution, alors même que la révolution serait, comme elle l’est évidemment aujourd’hui, l’unique moyen de salut qui reste à la France ? Ces gens qui portent la mort officielle et la paralysie de toute action populaire en eux-mêmes, comment porteraient-ils le mouvement et la vie dans les campagnes ? Que pourraient-ils dire aux paysans pour les soulever contre l’invasion des Prussiens, en présence de ces curés, de ces juges de paix, de ces maires et de ces gardes-champêtres bonapartistes, que leur amour démesuré de l’ordre public leur commande de respecter, et qui font et qui continueront de faire, eux, du matin jusqu’au soir, et armés d’une influence et d’une puissance d’action bien autrement efficaces que la leur, dans les campagnes, une propagande toute contraire ? S’efforceront-ils d’émouvoir les paysans par des phrases, lorsque tous les faits seront opposés à ces phrases ?

Sachez-le bien, le paysan a en haine tous les gouvernements. |38 Il les supporte par prudence ; il leur paie régulièrement les impôts et souffre qu’ils lui prennent ses fils pour en faire des soldats, parce qu’il ne voit pas comment il pourrait faire autrement, et il ne prête la main à aucun changement, parce qu’il se dit que tous les gouvernements se