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à se remettre toujours sous la protection d’une dictature militaire qu’il déteste, qui le froisse, l’humilie et qui finit toujours par le ruiner tôt ou tard, mais qui lui offre au moins toutes les conditions de la force, de la tranquillité dans les rues et de l’ordre public.

Cette prédilection fatale de l’immense majorité de la bourgeoisie pour le régime du sabre fait le désespoir des républicains bourgeois. Aussi ont-ils fait et font-ils précisément aujourd’hui des efforts « surhumains » pour lui faire aimer la république, pour lui prouver que, loin de nuire aux intérêts de la bourgeoisie, elle leur sera au contraire tout à fait favorable, ce qui revient à dire qu’elle sera toujours opposée aux intérêts du prolétariat, et qu’elle aura toute la force nécessaire pour imposer au peuple le respect des lois |37 qui garantissent la tranquille domination économique et politique des bourgeois.

Telle est aujourd’hui la préoccupation principale de tous les membres du gouvernement de la Défense nationale, aussi |33 bien que de tous les préfets, sous-préfets, avocats de la République et commissaires généraux qu’ils ont délégués dans les départements. Ce n’est pas autant de défendre la France contre l’invasion des Prussiens, que de prouver aux bourgeois qu’eux, républicains et détenteurs actuels du pouvoir de l’État, ont toute la bonne volonté et toute la puissance voulues pour contenir les révoltes du prolétariat. Mettez-vous à ce point de vue, et vous comprendrez tous les actes, autrement incom-