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se croient des révolutionnaires ; et ils ne se doutent pas que ce n’est pas le despotisme qu’ils ont en haine, mais seulement sa forme monarchique, et que ce même despotisme, pour peu qu’il revête la forme républicaine, trouvera ses plus zélés adhérents en eux-mêmes.

Ils ignorent que le despotisme n’est pas autant dans la forme de l’État ou du pouvoir, que dans le principe de l’État et du pouvoir politique lui-même, et que, par conséquent, l’État républicain doit être par son essence aussi despotique que l’État gouverné par un empereur ou un roi. Entre ces deux États, il n’y a qu’une seule différence réelle. Tous les deux ont également pour base essentielle et pour but l’asservissement économique des masses au profit des classes possédantes. Mais ils diffèrent en ceci, que, pour atteindre ce but, le pouvoir monarchique, qui, de nos jours, tend fatalement à se transformer partout en dictature militaire, n’admet la liberté d’aucune classe, pas même de celle qu’il protège au détriment du peuple. Il veut bien et il est forcé de servir les intérêts de la bourgeoisie, mais sans lui permettre d’intervenir, d’une manière sérieuse, dans le gouvernement des affaires du pays.

|31 Ce système, quand il est appliqué par des mains inhabiles ou par trop malhonnêtes, ou quand il met en opposition trop flagrante les intérêts d’une dynastie avec ceux des exploiteurs de l’industrie et du commerce du pays, comme cela vient d’arriver en France, peut compromettre gravement les inté-