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populaire ; et ils ne veulent pas comprendre cette vérité pourtant si simple, et confirmée d’ailleurs par l’expérience de tous les temps et de tous les pays, que tout pouvoir organisé, établi, agissant sur le peuple, exclut nécessairement la liberté du peuple. L’État politique n’ayant d’autre mission que de protéger l’exploitation du travail populaire par les classes économiquement privilégiées, le pouvoir de l’État ne peut être compatible qu’avec la liberté exclusive de ces classes dont |30 il représente les intérêts, et par la même raison il doit être contraire à la liberté du peuple. Qui dit État ou pouvoir dit domination, mais toute domination présume l’existence de masses dominées. L’État, par conséquent, ne peut avoir confiance dans l’action spontanée et dans le mouvement libre des masses, dont les intérêts les plus chers sont contraires à son existence. Il est leur ennemi naturel, leur oppresseur obligé, et, tout en prenant bien garde de l’avouer, il doit toujours agir comme tel.

Voilà ce que la plupart des jeunes partisans de la république autoritaire ou bourgeoise ne comprennent pas, tant qu’ils restent dans l’opposition, tant qu’ils n’ont pas encore essayé eux-mêmes du pouvoir. Parce qu’ils détestent du fond de leurs cœurs, avec toute la passion dont ces pauvres natures abâtardies, énervées, sont capables, le despotisme monarchique, |34 ils s’imaginent qu’ils détestent le despotisme en général ; parce qu’ils voudraient avoir la puissance et le courage de renverser un trône, ils