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révolution ? Eh bien, franchement, je ne puis le croire ; ils n’ont voulu tromper personne, mais ils s’étaient trompés eux-mêmes sur leur propre compte, en s’imaginant qu’ils étaient des révolutionnaires. Ils avaient pris leur haine très sincère, sinon très énergique ni très passionnée, contre l’empire, pour un amour violent de la révolution, et, se faisant illusion sur eux-mêmes, ils ne se doutaient pas qu’ils étaient des partisans de la république et des réactionnaires en même temps.

« La pensée réactionnaire, dit Proudhon[1], que le peuple ne l’oublie jamais, a été conçue au sein même |33 du parti républicain. » Et plus loin il ajoute que cette pensée prend sa source dans « son zèle gouvernemental », tracassier, méticuleux, fanatique, policier, et d’autant plus despotique qu’il se croit tout permis, son despotisme ayant toujours pour prétexte le salut même de la république et de la liberté.

Les républicains bourgeois identifient à grand tort leur république avec la liberté. C’est là la grande source de toutes leurs illusions lorsqu’ils se trouvent dans l’opposition, de leurs déceptions et de leurs inconséquences, lorsqu’ils ont en mains le pouvoir. Leur république est toute fondée sur cette idée du pouvoir et d’un gouvernement fort, d’un gouvernement qui doit se montrer d’autant plus énergique et puissant qu’il est sorti de l’élection

  1. Idée générale de la Révolution. (Note de Bakounine.)