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lité des conditions économiques et sociales de la vie continuera de prévaloir dans l’organisation de la société ; tant que la société continuera d’être divisée en deux classes, dont l’une, la classe exploi |21 lante et privilégiée, jouira de tous les avantages de la fortune, de l’instruction et du loisir, et l’autre, comprenant toute la masse du prolétariat, n’aura pour partage que le travail manuel assommant et forcé, l’ignorance, la misère, et leur accompagnement obligé, l’esclavage, non de droit, mais de fait.

Oui, l’esclavage, car quelque larges que soient les droits politiques que vous accorderez à ces millions de prolétaires salariés, vrais forçats de la faim, vous ne parviendrez jamais à les soustraire à l’influence pernicieuse, à la domination naturelle des divers représentants de la classe privilégiée, à commencer par le prêtre jusqu’au républicain bourgeois le plus jacobin, le plus rouge ; représentants qui, quelque divisés qu’ils paraissent ou qu’ils soient réellement entre eux dans les questions politiques, n’en sont pas moins unis dans un intérêt commun et suprême ; celui de l’exploitation de la misère, de l’ignorance, de l’inexpérience politique et de la bonne foi du prolétariat, au profit de la domination économique de la classe possédante.

Comment le prolétariat des campagnes et des villes pourrait-il résister aux intrigues de la politique cléricale, nobiliaire et bourgeoise ? Il n’a pour se défendre qu’une arme, son instinct qui tend presque toujours au |23 vrai et au juste, parce qu’il est lui--