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sept millions de « OUI » à l’empereur ? On dira sans doute que le suffrage universel ne fut jamais librement exerce sous l’empire, la liberté de la presse, celle de l’association et des réunions, conditions essentielles de la liberté politique, ayant été proscrites, et le peuple ayant été livré sans défense à l’action corruptrice d’une presse stipendiée et d’une administration infâme. Soit, mais les élections de 1848 pour la Constituante et pour la présidence, et celles de mai 1849 pour l’Assemblée législative, furent absolument libres, je pense. Elles se firent en dehors de toute pression ou même intervention officielle, dans toutes les conditions de la plus absolue liberté. Et pourtant qu’ont-elles produit ? Rien que la réaction.

« Un des premiers actes du gouvernement provisoire, dit Proudhon[1], celui dont il s’est applaudi le plus, est l’application du suffrage universel. Le jour même où le décret a été promulgué, nous écrivions ces propres paroles, qui pouvaient alors passer pour un paradoxe : Le suffrage universel est la contre-révolution. On peut juger, d’après |22 l’événement, si nous nous sommes trompé. Les élections de 1848 ont été faites, à une immense majorité, par les prêtres, les légitimistes, par les dynastiques, par tout ce que la France renferme de plus réactionnaire, de plus rétrograde. Cela ne pouvait être autrement. »

Non, cela ne pouvait être et aujourd’hui encore cela ne pourra pas être autrement, tant que l’inéga-

  1. Idées révolutionnaires. (Note de Bakounine.)