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produit du suffrage universel. À ce titre, elle doit vous être sacrée.




Je vous l’avoue franchement, cher ami, je ne partage aucunement la dévotion superstitieuse de vos bourgeois radicaux ou de vos républicains bourgeois pour le suffrage universel. Dans une autre lettre, je vous exposerai les raisons qui ne me permettent pas de m’exalter pour lui. Qu’il me suffise de poser ici, en principe, une vérité qui me paraît incontestable et qu’il ne me sera pas difficile de prouver plus tard, tant par le raisonnement, que par un grand nombre de faits pris dans la vie politique de tous les pays qui jouissent, à l’heure qu’il est, d’institutions démocratiques et républicaines, savoir que le suffrage universel, tant qu’il sera exercé dans une société où le peuple, la masse des travailleurs, sera économiquement dominée par une minorité |21 détentrice de la propriété et du capital, quelque indépendant ou libre d’ailleurs qu’il soit ou plutôt qu’il paraisse sous le rapport politique, ne |20 pourra jamais produire que des élections illusoires, anti-démocratiques et absolument opposées aux besoins, aux instincts et à la volonté réelle des populations.

Toutes les élections qui, depuis le coup d’État de Décembre, ont été faites directement par le peuple de France, n’ont-elles pas été diamétralement contraires aux intérêts de ce peuple, et la dernière votation sur le plébiscite impérial n’a-t-elle pas donné