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vement populaire qui éclata le soir du 4 septembre. Mais au milieu même du soulèvement des ouvriers de Paris, alors que le peuple avait envahi les tribunes et la salle du Corps législatif, M. Gambetta, fidèle à sa pensée systématiquement anti-révolutionnaire, recommande encore au peuple de garder le silence et de respecter la liberté des débats ( !), afin qu’on ne puisse pas dire que le gouvernement, qui devait sortir du vote du Corps législatif, ait été constitué sous la pression violente du peuple. Comme un vrai avocat, partisan de la fiction légale quand même, M. Gambetta avait sans doute pensé qu’un gouvernement |16 qui serait nommé par ce Corps législatif sorti de la fraude impériale et renfermant en son sein les infamies les plus notoires de la France, aurait été mille fois plus imposant et plus respectable qu’un gouvernement acclamé par le désespoir et par l’indignation d’un peuple trahi. Cet amour du mensonge constitutionnel avait tellement aveuglé M. Gambetta, qu’il n’avait pas compris, tout homme d’esprit qu’il est, que nul ne pourrait ni ne voudrait croire à la liberté d’un vote émis en de pareilles circonstances. Heureusement, la majorité bonapartiste, effrayée par les manifestations de plus en plus menaçantes de la colère et du mépris populaire, s’enfuit ; et M. Gambetta, resté seul avec ses collègues de |16 la gauche radicale dans la salle du Corps législatif, s’est vu forcé de renoncer, bien à contre-cœur sans doute, à ses rêves de pouvoir légal, et de souffrir que le peuple déposât aux mains de cette gauche