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absolument opposés, par quel miracle une union réelle et sincère pourrait-elle s’établir entre eux ? Il est clair que cette conciliation tant prônée, tant prêchée, ne sera jamais rien qu’un mensonge. C’est le mensonge qui a tué la France, espère-t-on qu’il lui rendra la vie ? On aura beau condamner la division, elle n’en existera pas moins dans le fait, et puisqu’elle existe, puisque par la force même des choses elle doit exister, il serait puéril, je dirai même plus, il serait funeste, au point de vue du salut de la France, d’en ignorer, d’en nier, de ne point en confesser hautement l’existence. Et puisque le salut de la France vous appelle à l’union, oubliez, sacrifiez tous vos intérêts, toutes vos ambitions et toutes vos divisions personnelles ; oubliez et sacrifiez, autant qu’il sera possible de le faire, toutes les différences de partis ; mais au nom de ce même salut, gardez-vous de toute illusion : car dans la situation présente les illusions sont mortelles. Ne cherchez l’union qu’avec ceux qui aussi sérieusement, aussi |9 passionnément que vous-mêmes, veulent sauver la France à tout prix.

Quand on va à l’encontre d’un immense danger, ne vaut-il pas mieux marcher en petit nombre, avec la pleine certitude de ne point être abandonné au moment de la lutte, que de traîner avec soi une foule de faux alliés |8 qui vous trahiront sur le premier champ de bataille ?