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d’argent pour en acheter. Non que l’argent manque à la bourgeoisie de la France ; au contraire, grâce à des lois protectrices qui lui ont permis d’exploiter largement le travail du prolétariat, |4 ses poches en sont pleines. Mais l’argent des bourgeois n’est point patriote, et il préfère |6 ostensiblement aujourd’hui l’émigration, voire même les réquisitions forcées des Prussiens, au danger d’être appelé à concourir au salut de la patrie en détresse. Enfin, que dirai-je, la France n’a plus d’administration. Celle qui existe encore et que le gouvernement de la Défense nationale a eu la faiblesse criminelle de maintenir, est une machine bonapartiste, créée pour l’usage particulier des brigands du Deux Décembre, et, comme je l’ai déjà dit ailleurs, capable seulement, non d’organiser, mais de trahir la France jusqu’au bout et de la livrer aux Prussiens.

Privée de tout ce qui constitue la puissance des États, la France n’est plus un État. C’est un immense pays, riche, intelligent, plein de ressources et de forces naturelles, mais complètement désorganisé, et condamné, au milieu de cette désorganisation effroyable, à se défendre contre l’invasion la plus meurtrière qui ait jamais assailli une nation. Que peut-elle opposer aux Prussiens ? Rien que l’organisation spontanée d’un immense soulèvement populaire, la Révolution.

Ici, j’entends tous les partisans de l’ordre public quand même, les doctrinaires, les avocats, tous ces exploiteurs en gants jaunes du républicanisme bour-