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de Paris, cette raison si puissante n’existera plus. Supposons même que la grande ville provinciale au milieu de laquelle il aura transporté son siège, Lyon par exemple, l’acclamera et ratifiera par cette acclamation les élus de la population de Paris. Mais tout le reste de la France, à commencer par presque toutes les campagnes, ne l’acclamera pas et ne lui obéira pas.

Et de quels moyens, de quel instrument se servira-t-il pour se faire obéir ? de la machine administrative actuelle ? Mais elle est toute bonapartiste : unie aux prêtres, elle ameutera les campagnes contre lui. Enverra-t-il, pour réprimer les campagnes révoltées, ces troupes régulières, qui au lieu d’être employées contre l’ennemi, maintiennent aujourd’hui l’état de siège dans les plus importantes cités de la France ? Mais tous les généraux, tous les colonels, tous les officiers sont Bonapartistes aussi et des Bonapartistes enragés au moins quant à tous les officiers supérieurs. Il les cassera, et il fera choisir par les soldats eux-mêmes de nouveaux officiers et de nouveaux généraux. Mais en |80 supposant même que les soldats s’y prêtent volontiers, cette réorganisation des troupes ne pourra se faire en un seul jour, elle en prendra beaucoup, et pendant ce temps les Prussiens finiront par prendre Paris, et l’insurrection des campagnes, d’abord locale et partielle, fomentée par les jésuites et par les bonapartistes s’étendra sur tout le pays.

Je dis et je répète tout cela, parce que je considère comme la chose la plus essentielle à cette heure, de persuader et de convaincre tous les Français, qui ont vraiment à cœur le salut de la France, qu’ils ne peuvent plus se sauver par des moyens gouvernementaux ; qu’ils seraient fous, s’ils espéraient le renouvellement des miracles de 1792 et de 1793 qui ont été d’ailleurs produits,