Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/335

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bonapartiste et traître par excellence, d’un côté, et, de l’autre, par la lâcheté, par l’incapacité et l’impuissance désolantes de ces grands parleurs républicains.

Mais si même Paris se défend à outrance, la France sera-t-elle sauvée ? Oui, dira-t-on, parce que, pendant ce temps, une troisième armée se forme derrière la Loire, une armée formidable. La France peut encore lever plus d’un million d’hommes. Les Chambres ont déjà ordonné cette levée. Et qui organisera ces nouvelles armées ? Palikao ? L’impératrice Eugénie fuyant de Paris, et se réfugiant avec tout son gouvernement soit à Tours, soit à Bourges, ou plutôt non dans une grande cité quelconque, mais dans quelque château, au milieu de ces bons paysans si dévoués à l’empereur ; l’impératrice Eugénie portant en France la guerre civile réactionnaire et soulevant les campagnes contre les villes, dans un moment où la France ne peut être sauvée que par l’action unanime des campagnes et des villes. La trahison bonapartiste se répandra sur tout le pays. Ce sera la mort de la France.

Mais supposons que les républicains radicaux — ce républicain sage, rationnel et positiviste qui s’appelle Léon Gambetta, avec toute sa compagnie raisonneuse, ouvrent enfin les yeux sur la situation terrible où, par leur lâche condescendance, ils ont contribué à plonger la France, supposons que, honteux et pleins de remords, ils se décident enfin à un acte viril (expression de Gambetta), à un acte révolutionnaire de salut public. Qu’ils ne laissent sortir de Paris ni l’impératrice, ni sa cour, ni son gouvernement, ni aucun des membres de la droite parlementaire, et que, pour sauver la France de la trahison bonapartiste, ils les fassent pendre tous et toutes aux réverbères de Paris. |78 Je jure qu’ils ne le feront pas, ils sont trop galants, trop gentilshommes, trop bour-