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prit qui aurait pu la dicter, se trouve confirmée par une autre correspondance de Paris, dans |70 le Volksstaat (no 69), journal qui ne peut vouloir calomnier les dispositions des ouvriers de Paris, puisqu’il est animé des sympathies les plus sincères pour eux. Voici ce que dit ce correspondant :

« C’est toujours un grand plaisir pour moi de passer quelques heures le dimanche parmi ces aimables ouvriers de Paris. La rue étroite et longue de Belleville devient toute noire ou plutôt toute bleue à cause des blouses qui la remplissent. Point de bruit, point d’ivrognes » (on entend le bourgeois et notamment le bourgeois allemand qui du haut de sa civilisation admire généreusement, complaisamment l’ouvrier), « point de coups. La guerre semble laisser passablement indifférents les électeurs de Rochefort. On venait d’afficher à la mairie du faubourg un nouveau bulletin. Il s’agissait de l’affaire de Longeville. Mes blouses passèrent devant en haussant les épaules : « Armées allemandes », disaient-ils, « vous pouvez vaincre un Napoléon et planter votre drapeau sur les Tuileries. Nous vous abandonnons Notre-Dame et le Louvre. Mais vous ne parviendrez jamais à conquérir cette étroite et sale rue de Belleville. »

Tout cela paraît d’abord très logique et très beau ; ces paroles, aussi bien que la réponse des internationaux de Paris à l’envoyé de l’officier supérieur, — si toutefois l’une aussi bien que les autres ne sont pas controuvées, — prouveraient qu’il existe une scission absolue entre la bourgeoisie et le prolétariat. Et certes ce n’est pas moi qui m’en plaindrai, pourvu que ce ne soit point une scission passive mais active. Mais que les ouvriers de Paris et de France restent indifférents et inertes, devant cette terrible invasion des soldats du roi de Prusse, qui ne