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« est toute désorganisée et démoralisée et il ne reste plus d’espoir que dans l’établissement immédiat de la République. » La gauche a répondu à l’envoyé de cet officier supérieur qu’il fallait bien se garder de commettre une imprudence maintenant, que l’Empire tombait de lui-même[1]. « Oui », répondit l’envoyé, « l’Empire tombera toujours assez tôt pour vous mettre à sa place, mais trop tard pour sauver le pays. »

Le même correspondant ajoute un autre fait, qui, je l’espère au moins, pour l’honneur des ouvriers, est faux. Il raconte que l’envoyé de l’officier supérieur, après avoir reçu cette réponse dilatoire de la gauche, « s’est adressé aux chefs de l’Internationale, pour les provoquera une immense démonstration devant le Corps législatif, dont le succès aurait été infaillible, puisque les troupes avaient déclaré qu’elles ne tireraient pas sur le peuple. Mais les ouvriers répondirent » (et c’est précisément cette réponse que je voudrais pouvoir nier) : « La faute est aux bourgeois. Vous avez amené et soutenu l’Empire. Mangez maintenant la soupe que vous avez préparée vous-mêmes, et si les Prussiens font crouler vos maisons sur vos têtes, vous n’aurez que ce que vous aurez mérité. » Je le répète, je voudrais ne point croire à cette réponse des ouvriers parisiens, et pourtant la disposition d’es-

  1. Voici ce que dit, sur les dispositions de la gauche radicale, le Volksttaat, organe du parti ouvrier de la démocratie socialiste en Allemagne (no 69, 27 août) : « La cause principale qui a empêché jusqu’à présent la proclamation de la République, ce sont les scrupules mesquins des républicains honnêtes, qui, poussés par la peur affreuse que leur inspire le socialisme démocratique, ont formellement promis aux ministres de ne point s’occuper du changement de la forme du gouvernement, tant qu’il restera un ennemi sur le sol français. Ils appellent cela du patriotisme. Mais derrière ce patriotisme s’abrite volontiers et si bien l’abandon, l’infidélité aux principes. » (Note de Bakounine.)