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tous les actes de l’autorité, n’extirpent rien ; ils éternisent au contraire ce qu’ils veulent tuer.

Que s’ensuit-il ? Ne pouvant imposer la révolution dans les campagnes, il faut l’y produire, en provoquant le mouvement révolutionnaire des paysans eux-mêmes, en les poussant à détruire de leurs propres mains l’ordre public, toutes les institutions politiques et civiles et à constituer, à organiser dans les campagnes l’anarchie.

Pour cela il n’est qu’un seul moyen : c’est de leur parler et de les pousser vivement dans la direction de leurs propres instincts. Ils aiment la terre, qu’ils prennent toute la terre et qu’ils en chassent tous |60 les propriétaires qui l’exploitent par le travail d’autrui. Ils n’ont aucun goût pour le paiement des hypothèques, des impôts. Qu’ils ne les paient plus. Que ceux d’entre eux qui ne se soucient pas de payer leurs dettes privées, ne soient plus forcés de les payer. Enfin ils détestent la conscription, qu’ils ne soient plus forcés de donner de soldats.

Et les Prussiens, qui les combattra ? Ne craignez rien, lorsque les paysans auront senti vivement, auront palpé pour ainsi dire les avantages de la révolution, pour la défendre, ils donneront plus d’argent et plus d’hommes que ne pourrait en tirer l’action régulière, même exagérée de l’État. Les paysans feront contre les Prussiens aujourd’hui, ce qu’ils ont fait en 1792 contre eux. — Il faut seulement qu’ils aient le Diable au corps, et ce n’est seulement que la révolution anarchique qui peut le mettre en eux.

Mais en les laissant partager entre eux les terres qu’ils auront arrachées aux propriétaires bourgeois, n’établit-on pas sur un fondement plus solide et nouveau la propriété individuelle ? Pas du tout, car la consécration juridique