Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/313

Cette page a été validée par deux contributeurs.

explique et pose comme un droit tous les envahissements et toutes les conquêtes. Les Allemands ne s’en sont-ils pas toujours servis pour excuser tous leurs attentats contre la liberté et contre l’indépendance des peuples slaves et pour en légitimer la germanisation violente et forcée ? C’est, disent-ils, la conquête de la civilisation sur la barbarie. Prenez garde, les Allemands commencent à s’apercevoir déjà que la civilisation germanique, protestante, est bien supérieure à la civilisation catholique des peuples de race romande pris ensemble, et à la civilisation française en particulier. Prenez garde qu’ils ne s’imaginent bientôt qu’ils ont la mission de vous civiliser |59 et de vous rendre heureux, comme vous vous imaginez, vous, d’avoir la mission de civiliser et d’émanciper forcément vos compatriotes, vos frères, les paysans de la France. Pour moi, l’une et l’autre prétention sont également odieuses, et je vous déclare que, tant dans les rapports internationaux que dans les rapports de classe à une autre, je serai toujours du côté de ceux qu’on voudra civiliser par ce procédé. Je me révolterai avec eux contre tous ces civilisateurs arrogants, qu’ils s’appellent ouvriers ou Allemands, et en me révoltant contre eux, je servirai la révolution contre la réaction.

Mais s’il en est ainsi, dira-t-on, faut-il abandonner les paysans ignorants et superstitieux, à toutes les influences et à toutes les intrigues de la réaction ? Point du tout. Il faut tuer la réaction dans les campagnes, comme il faut la tuer dans les villes. Mais pour atteindre ce but, il ne suffit pas de dire : Nous voulons tuer la réaction, il faut la tuer, il faut l’extirper, et on n’extirpe rien par des décrets. — Bien au contraire, et je me fais fort de le prouver l’histoire à la main : les décrets et en général