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constituent l’aberration fondamentale du communisme autoritaire, qui parce qu’il a besoin de la violence régulièrement organisée, a besoin de l’État, et qui parce qu’il a besoin de l’État, aboutit nécessairement à la reconstitution du principe de l’autorité et d’une classe privilégiée de l’État. On ne peut imposer la collectivité qu’à des esclaves, — et alors la |53 collectivité devient la négation même de l’humanité. Chez un peuple libre, la collectivité ne pourra se produire que par la force des choses, non par l’imposition d’en haut, mais par le mouvement spontané d’en bas, librement et nécessairement à la fois, alors que les conditions de l’individualisme privilégié : la politique de l’État, les codes criminel et civil, la famille juridique, et le droit d’héritage, balayés par la révolution, auront disparu.

Il faudrait être fou, ai-je dit, pour tenter d’imposer aux paysans, dans les circonstances actuelles, quoi que ce soit ; ce serait en faire des ennemis de la révolution à coup sûr ; ce serait ruiner la révolution. Quels sont les principaux griefs des paysans, les principales causes de leur haine sournoise et profonde contre les villes ?

1o Les paysans se sentent méprisés par les villes, et le mépris dont on est l’objet se devine vite, même par les enfants, et ne se pardonne jamais.

2o Les paysans s’imaginent, non sans beaucoup de raisons, sans beaucoup de preuves et d’expériences historiques à l’appui de cette imagination, que les villes veulent les dominer, gouverner, les exploiter souvent et leur imposer toujours un ordre politique dont ils ne se soucient pas.

3o Les paysans en outre considèrent les ouvriers des villes comme des partageux, et craignent que les socia-