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moyen héroïque et barbare, je le sais. Mais c’est le dernier et désormais le seul possible. En dehors de lui point de salut pour la France. Toutes ses forces régulières étant dissoutes, il ne lui reste que l’énergie désespérée et sauvage de ses enfants, — qui doivent choisir entre l’esclavage par la civilisation bourgeoise ou la liberté par la barbarie du prolétariat.

N’est-ce pas une magnifique position pour des socialistes sincères et ont-ils jamais rêvé chance pareille ? Ah ! mes amis ! Tâchez d’être seulement à la hauteur des faits qui se passent autour de vous : c’est l’État qui croule, c’est le monde bourgeois qui s’en va. — Resterez-vous debout, énergiques et pleins de confiance, créateurs d’un monde nouveau, au milieu de ces ruines, ou bien vous laisserez-vous ensevelir sous elles ; Bismarck deviendra-t-il votre maître, deviendrez-vous les esclaves des Prussiens esclaves de leur roi — ou bien jetterez-vous l’incendie révolutionnaire-socialiste en Allemagne, en Europe, dans le monde entier ? — Voilà ce qui se décide dans ce moment suprême, voilà ce qui dépend exclusivement à cette heure des ouvriers de la France. — Ont-ils du cœur dans le ventre, ou non ?

[1] Je reviens à mes chers paysans. Je n’ai jamais cru que même dans les circonstances les plus favorables, les ouvriers pussent jamais avoir la puissance de leur imposer la communauté ou bien la collectivité ; et je ne l’ai jamais désiré, — parce que j’abhorre tout système imposé, parce que j’aime sincèrement et passionnément la liberté. Cette fausse idée et cette espérance liberticide

  1. À partir d’ici, la brochure — fin de la Lettre III (p. 104, l. 9, de cette réimpression) et commencement de la Lettre IV (jusqu’au bas de la p. 106 de cette réimpression) — reproduit presque sans changement le texte de Bakounine. — J. G.