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Sous ce rapport, comme sous beaucoup d’autres encore, je considère comme un véritable bonheur pour la France et pour la révolution sociale universelle, l’invasion des Prussiens. Si cette invasion n’avait pas eu lieu, et si la révolution en France s’était faite sans elle, les socialistes français eux-mêmes auraient tenté encore une fois, et pour leur propre compte cette fois, de faire une révolution d’État. Ce serait parfaitement illogique, ce serait fatal pour le socialisme, mais ils eussent certainement essayé de le faire, tellement ils sont encore eux-mêmes pénétrés et imbus des principes du Jacobinisme. Par conséquent, entre autres mesures de salut public décrétées par une Convention des délégués des villes, ils auraient sans aucun doute essayé d’imposer le communisme ou le collectivisme aux paysans. Ils auraient soulevé et armé toute la masse des paysans contre eux, et pour réprimer leur révolte, ils se verraient forcés de recourir à une immense force armée, bien organisée, bien disciplinée. Ils donneraient une armée à la réaction, et ils engendreraient, ils formeraient des réactionnaires militaires, des généraux ambitieux dans leur propre sein. — Avec la machine de l’État renforcé, ils auraient bientôt le machiniste de l’État, — le dictateur, l’empereur. — Tout cela leur serait infailliblement arrivé, parce que c’est dans la |50 logique — non dans l’imagination capricieuse d’un individu, mais dans la logique des choses, et que cette logique ne se trompe jamais.

Par bonheur, aujourd’hui, les événements eux-mêmes forceront bien les ouvriers d’ouvrir les yeux et de renoncer à ce système fatal, qu’ils ont emprunté aux jacobins. Ils devraient être fous pour vouloir faire, dans les circonstances présentes, du terrorisme contre les campagnes. Si les campagnes se soulevaient maintenant