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système anarchique des faits, les provoque et les suscite d’une manière infaillible en dehors de l’intervention d’une violence officielle ou autoritaire quelconque. Le premier aboutit nécessairement au triomphe final de la franche réaction. Le second établit, sur des bases naturelles et inébranlables, la révolution.

Ainsi dans cet exemple, si l’on ordonne par décrets |45 l’abolition des cultes et l’expulsion des prêtres, vous pouvez être sûr que les paysans les moins religieux prendront parti pour le culte et pour les prêtres, ne fût-ce que par esprit de contradiction, et parce qu’un sentiment légitime, naturel, base de la liberté, se révolte en tout homme contre toute mesure imposée, eût-elle même la liberté pour but. On peut donc être certain que si les villes commettaient la sottise de décréter l’abolition des cultes et l’expulsion des prêtres, les campagnes, prenant parti pour les prêtres, se révolteront contre les villes, et deviendront un instrument terrible entre les mains de la réaction. Mais faut-il donc laisser les prêtres et leur puissance debout. Pas du tout. Il faut sévir contre eux de la manière la plus énergique, mais non parce qu’ils sont des prêtres, des ministres de la religion catholique et romaine ; mais parce qu’ils sont des agents de la Prusse ; dans les campagnes comme dans les villes, il ne faut pas que ce soit une autorité officielle quelconque, fût-elle même un Comité révolutionnaire de salut public, qui les frappe, — il faut que ce soient les populations, en ville les ouvriers, dans les campagnes les paysans eux-mêmes qui sévissent contre eux, tandis que l’autorité révolutionnaire se donnera les airs de les protéger au nom de son respect pour la liberté des consciences. Imitons donc un peu la sagesse de nos adversaires. Voyez, tous les gouvernements