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Voilà, selon mon idée, la seule manière efficace d’agir sur les paysans, dans le sens de la défense du pays contre l’invasion prussienne, mais aussi et en même temps, dans celui de la destruction de l’État dans les communes rurales elles-mêmes, où se trouvent principalement ses racines, — et par conséquent dans le sens de la révolution sociale.

Ce n’est que par une telle propagande, ce n’est que par la révolution sociale ainsi entendue, qu’on peut lutter contre l’esprit réactionnaire des campagnes, et qu’on parviendra à le vaincre et à le transformer en un esprit révolutionnaire.

[1]  Les prétendues sympathies bonapartistes des paysans français ne m’inquiètent pas du tout. C’est un symptôme superficiel de l’instinct socialiste, dévoyé par l’ignorance et exploité par la malveillance, une maladie de peau qui ne saurait résister aux remèdes héroïques du socialisme révolutionnaire. Les paysans ne donneront ni leur terre, ni leur argent, ni leur vie pour |40 la conservation du pouvoir de Napoléon III, mais ils lui donneront volontiers la vie et les biens des autres, parce qu’ils détestent ces autres. Ils ont au plus haut degré la haine tout à fait socialiste des hommes du travail contre les hommes du loisir, contre les beaux Messieurs. Et remarquez, que, dans cette affaire déplorable, où les paysans d’une commune de la Dordogne ont fini par brûler un jeune et noble propriétaire, la dispute a commencé par ces mots prononcés par un paysan : « Ah ! vous voilà beau Monsieur, vous restez vous-même tranquillement à la maison, parce que vous êtes riche, vous

  1. Cet alinéa, qui va de la ligne 33 de la page 39 à la ligne 16 de la page 40 du manuscrit de Bakounine, a été intercalé dans la lettre III, page 15 de la brochure (p.  98, l. 7, de cette réimpression). — J. G.