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différence entre la manière de voir de Marx et la sienne dans la question slave, Bakounine a écrit (1871, manuscrit français) : « En 1848 nous nous sommes trouvés divisés d’opinions ; et je dois dire que la raison fut beaucoup plus de son côté que du mien… Emporté par l’ivresse du mouvement révolutionnaire, j’étais beaucoup plus occupé du côté négatif que du côté positif de cette révolution… Pourtant il y eut un point où j’eus raison contre lui. Comme Slave, je voulais l’émancipation de la race slave du joug des Allemands,… et, comme patriote allemand. Marx n’admettait pas alors, comme il n’admet encore pas à présent, le droit des Slaves de s’émanciper du joug des Allemands, pensant, aujourd’hui comme alors, que les Allemands sont appelés à les civiliser, c’est-à-dire à les germaniser de gré ou de force. »

En janvier 1849, Bakounine vint secrètement à Leipzig. Là il s’occupait à préparer un soulèvement en Bohême, d’accord avec un groupe de jeunes Tchèques à Prague. Malgré les progrès de la réaction en France et en Allemagne, on pouvait encore espérer, car sur plus d’un point de l’Europe la révolution n’était pas écrasée : Pie IX, chassé de Rome, avait fait place à la République romaine, dirigée par le triumvirat Mazzini, Saffi et Armellini, avec Garibaldi pour général ; Venise, redevenue libre, soutenait contre les Autrichiens un siège