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des moyens réguliers de l’État. Le maximum de leur idéal, de leur imagination, de leur abnégation et de leur héroïsme, c’est l’exagération révolutionnaire de la puissance et de faction de l’État, au nom du salut public. Mais j’ai suffisamment démontré que l’action de l’État, à cette heure et dans les circonstances actuelles, — Bismarckiennes à l’extérieur, Bonapartistes à l’intérieur, — loin de pouvoir sauver la France, ne peut que la perdre et la tuer.[1]

Ce qui peut seul sauver la France, au milieu des terribles, des mortels dangers, extérieurs et intérieurs, qui la menacent présentement, c’est le soulèvement spontané, formidable, passionnément énergique, anarchique, destructif et sauvage, des masses populaires sur tout le territoire de la France. Soyez-en bien convaincus, en dehors de cela point de salut pour votre pays. Si vous ne vous en sentez pas capables, renoncez à la France, renoncez à toute liberté, baissez vos têtes, ployez vos genoux et devenez des esclaves, — esclaves des Prussiens, esclaves des Bonapartes vice-rois des Prussiens, victimes des paysans ameutés et armés contre vous, et préparez-vous et résignez-vous, vous déjà si misérables et si malheureux, à un avenir de souffrance et de misère, comme vous n’avez pas pu même vous l’imaginer jusqu’à présent.

Il est certain que la bourgeoisie n’en est point capable. Pour elle ce sera la fin du monde, la mort de toute civilisation. Elle s’arrangera plutôt avec la domination des Prussiens et des Bonapartes, que de subir le soulèvement de la barbarie populaire : cette égalisation violente, ce balaiement impitoyable et complet de tous ses privilèges économiques et sociaux. Il se trou-

  1. Ici (l. 7 de la p. 37 de Bakounine) j’ai interrompu le texte,