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sérieusement à traiter avec Napoléon, parce que Napoléon seul est capable de faire de lâches concessions à la Prusse. Les Orléans ne le peuvent pas, sous peine de se déshonorer et de se rendre impossibles. Quant aux républicains, même les plus modérés et les plus raisonnables ne consentiraient jamais à traiter avec Bismarck, tant qu’il restera un seul soldat prussien en France. Leur position est telle, qu’ils sont forcés de se laisser ensevelir plutôt sous les décombres de Paris, que de lui faire la moindre concession. Il est évident que le gouvernement Bonapartiste, soit de Napoléon III, soit de son fils, peut seul signer un traité de paix déshonorant et désastreux pour la France, Et on les voit se cramponner tellement au pouvoir aujourd’hui, qu’on ne peut plus douter qu’ils ne soient capables et qu’ils ne se préparent déjà de le faire. Qui sait si des pourparlers secrets n’ont pas déjà [été] entamés entre Napoléon, Eugénie et Bismarck ? Je les crois même capables de livrer Paris aux Prussiens, tellement leur position est devenue désespérée, et parce qu’ils sont assez coquins, assez lâches, pour vouloir se sauver à tout prix. La position de Bismarck n’est pas rassurante non plus. Si Paris prend sa défense au sérieux, si toute la France se soulève devant et derrière les armées prussiennes, ces dernières, malgré la puissance formidable qu’elles développent actuellement, pourront bien trouver leur tombeau en France. Bismarck le roi de Prusse et le général Moltke le savent bien ; ce sont des hommes trop sérieux pour ne point le comprendre. Leur vengeance doit être pleinement satisfaite, ils ont assez humilié l’empereur des Français, et ils ne sacrifieront pas au vain plaisir de l’anéantir tout à fait, avec tous les immenses avantages qu’ils ont |29 obtenus, peut-être l’avenir même de l’Empire d’Allemagne en général et de