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nation armée, agissant par ses délégués » — ce qui, à moins de n’avoir aucun sens, ne peut signifier que ceci : Une Convention nationale révolutionnaire et Restreinte, — non une Constituante légalement et régulièrement composée des délégués de tous les cantons de la France — mais une Convention exclusivement composée des délégués des villes qui auront fait la révolution. Je ne sais à qui a appartenu cette voix folle qui est venue retentir au milieu de ce conseil de sages ? peut-être était-ce l’âne de Balaal (sic), quelque monture innocente de ce grand prophète Gambetta ? — Mais il est certain que l’âne a parlé mieux que le prophète. Ce que cet âne annonçait, proposait, n’était ni plus ni moins que la révolution sociale, le salut de la France par la révolution sociale. Aussi ne daigna-t-on pas même lui répondre.

Ainsi donc le gouvernement de Gambetta, occupé par la défense du pays et de Paris surtout, et privé de l’assistance d’un corps constituant, ne pourra point entreprendre, à l’heure qu’il est, la réforme des institutions, du caractère et des bases mêmes de l’administration. Supposons même qu’il le voulût, et supposons encore qu’il eût près de lui une sorte de Convention révolutionnaire composée de délégués des villes insurgées ; supposons enfin — ce qui est absolument impossible — supposons que la majorité de cette Convention serait composée de Jacobins comme lui et que les socialistes révolutionnaires n’y formeraient qu’une minorité |14 insignifiante.[1] Je dirai, que même dans ce cas, d’ail-

  1. Nous arrivons, avec la phrase qui suit, à la page 14 du manuscrit de Bakounine. C’est à partir d’ici que j’ai commencé à utiliser son texte. Le contenu des pages 14-21 du manuscrit (jusqu’à la ligne 2 de la page 22) correspond, avec des