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proie à la plus affreuse anarchie. — Cela peut nous aller, cela nous va, à nous, révolutionnaires socialistes, mais cela ne peut pas entrer dans les idées des Jacobins, hommes d’État par excellence. Réformer l’administration peu à peu, au milieu du danger, ayant l’invasion à ses portes, est encore une chose impossible ; d’abord parce que cette réforme ne peut point partir de l’initiative d’une dictature soit individuelle, soit collective quelconque ; elle sera illégale et frappée de nullité, si elle ne sort pas de l’initiative |13 d’une Assemblée Constituante, transformant le gouvernement et l’administration de la France au nom du suffrage universel. Ai-je besoin de prouver que le Corps législatif actuel est incapable d’entreprendre, ni même de vouloir une pareille réforme ? D’ailleurs, Gambetta ne pourra arriver au pouvoir que par la dissolution de ce parlement Bonapartiste, et il sera impossible de convoquer une nouvelle constituante, tant que l’invasion prussienne continuera de frapper aux portes de Paris. Tant que les étrangers ne seront pas expulsés du territoire Français, Gambetta et Comp. seront bien forcés de gouverner dictatorialement, d’ordonner des mesures de salut public, mais ils ne pourront entreprendre aucune réforme constitutionnelle.

Il est vrai que dans une réunion de la gauche, le 23 ou le 24 août, réunion à laquelle avaient pris part Thiers et quelques membres avancés du centre gauche, — la gauche ayant exprimé son intention de renverser le ministère, et Thiers qui la conjurait de n’en rien faire, ayant enfin demandé : « Mais enfin, par qui les remplacerez-vous, quels hommes mettrez-vous au cabinet ? », une voix, je ne sais laquelle, a répondu : « Il n’y aura plus de cabinet, le gouvernement sera confié à toute la