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pereur et la France aux Prussiens. Et grâce à l’ignorance crasse des paysans français, il paraît qu’ils ont assez bien réussi. Ils ont organisé dans les campagnes une sorte de terreur blanche contre tous les adversaires du régime impérial. Avez-vous connaissance du fait qui vient de se passer à la foire de Hautefaye[1] dans la Dordogne ? M. de Monéis fils, jeune homme de vingt-neuf ans, vient d’être brûlé vif par des paysans, pour n’avoir pas voulu crier Vive l’empereur ! Voici ce que je viens de lire aujourd’hui dans l’Émancipation, journal républicain de Toulouse : « Les journaux d’abord (les Débats et le Figaro), et des lettres particulières ensuite, donnent de lamentables détails sur l’espèce de terreur impériale qui règne dans les campagnes. Partout, les citoyens connus par leurs idées démocratiques sont regardés de travers, menacés, et souvent même l’objet de voies de fait. On |7 dirait qu’un mot d’ordre a été lancé, car c’est partout la même inepte accusation d’avoir trahi l’empereur et livré la France à la Prusse. Les Débats donnent une lettre [d’un propriétaire[2]] de Bar-sur-Aube, et d’un autre propriétaire de Poitiers. Le Figaro parle d’une sorte de Jacquerie organisée en Picardie. J’ai reçu moi-même des lettres de plusieurs amis de la Charente-Inférieure, de l’Isère et de la Gironde. L’effroyable crime de Nontron n’est qu’un épisode parmi beaucoup de faits de la même nature. » Et voici ce que dit le Peuple français, ci-devant journal de M. Duvernois, aujourd’hui ministre : « Voici un fait qui est de

  1. Canton et arrondissement de Nontron : d’où le nom de « crime de Nontron » par lequel cet atroce assassinat sera désigné plus loin. — J. G.
  2. J’ajoute les mots entre crochets, que le sens paraît appeler. — J. G.