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vient l’ennemie furieuse des masses populaires, toutes les fois que, fatiguées de servir de chair à gouvernement et de piédestal passif et toujours sacrifié à l’État, elles se révoltent contre l’État ; et si la bourgeoisie avait à choisir entre les masses révoltées contre l’État et les Prussiens envahisseurs de la France, elle aurait certainement opté pour ces derniers, parce que, tout désagréables qu’ils sont, ils sont néanmoins les défenseurs de la civilisation, les représentants de l’idée de l’État, contre toutes les canailles populaires du monde. La bourgeoisie de Paris et de France n’a-t-elle pas opté, par cette même raison, en 1848, pour Louis Bonaparte ? Ne conserve-t-elle pas encore le régime, le gouvernement, l’administration de Napoléon III, après qu’il est devenu évident pour tout le monde que ce régime, ce gouvernement et cette administration ont entraîné la France dans l’abîme[1], — la bourgeoisie de Paris et

  1. Lisez le discours, les aveux de Gambetta, dans la séance du 23 août au Corps législatif. Ils sont du plus haut intérêt et viennent à l’appui de tout ce que j’ai dit :
    « GAMBETTA. — Il est très certain que lorsqu’un pays comme la France traverse l’heure la plus douloureuse de son histoire, il y a un temps pour se taire. » (Excuse ridicule de son inaction inexcusable.) « Mais il est évident qu’il y a aussi un temps pour parler. » (C’est lorsqu’il est devenu évident que Palikao, Trochu et Thiers, qu’il avait sottement, traîtreusement soutenus jusque-là, ne veulent pas l’accepter dans le Comité de défense. Avant, il avait trouvé utile et bon qu’on trompe et qu’on paralyse l’action du peuple parisien, au nom du patriotisme. Il avait trempé dans le mensonge officiel, maintenant il proteste.) « Eh bien, croit-on que la clôture qui est réclamée par M. le ministre et à laquelle nous nous résignons depuis quelques jours (Interruption) soit véritablement une réponse digne du peuple, au milieu de ses anxiétés et de ses angoisses ? (Bruyantes interruptions). Si vous n’avez pas d’angoisses, vous qui avez attiré l’étranger sur le sol |4 de la patrie… (Vive approbation à gauche. Bruyantes acclamations et cris : À l’ordre ! à l’ordre ! )