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taire, tous les avantages sont du côté des Prussiens, toutes les chances sont pour eux, — au point qu’on peut prouver mathématiquement, en ne considérant toujours la question qu’au point de vue exclusivement militaire, que les deux armées françaises doivent être détruites et que Paris doit tomber entre les mains des Prussiens.

Maintenant laissons de côté le point de vue militaire, et considérons cette lutte gigantesque entre deux grands États qui luttent pour l’hégémonie de l’Europe, entre l’Empire français et l’Empire allemand, sous le rapport économique, administratif et politique. Il n’est pas douteux que cette guerre est aussi ruineuse pour l’Allemagne que pour la France ; mais il est également certain aussi que la position économique de l’Allemagne, à cette heure, est mille fois préférable à celle de la France. Déjà par cette simple raison que la guerre se fait non en Allemagne, mais en France. Ensuite parce que l’Allemagne est cent fois mieux administrée que la France, qui se trouve pillée en ce moment et par les Allemands et par ses propres voleurs, par l’administration impériale.

La bonne organisation des forces nouvelles dont la formation sera sans doute imposée par cette guerre tant à l’Allemagne qu’à la France dépend de la bonté, de l’honnêteté relative, de l’intelligence, de l’énergie, du savoir-faire, de la bonne expérience et de l’activité des administrations. Eh bien, l’administration allemande est, au su de tout le monde, relativement excellente, l’administration française détestable. Cette dernière représente le maximum de la malhonnêteté, du pillage, de l’incurie et de l’inertie ; l’autre au contraire représente le maximum du travail consciencieux, de l’honnêteté relative, de l’intelligence et de l’activité. L’administration |21 française, foncièrement démoralisée par vingt ans du