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listes semblent opposer une force d’inertie invincible aux légitimes impatiences de la population parisienne. De très nombreuses inscriptions sur les listes de la garde nationale sont restées sans aucun résultat. L’armement se fait avec une lenteur désespérante, et l’organisation des cadres ne paraît pas être des plus avancées… Nous appelons votre attention, général, sur cet état de choses si peu en rapport avec la gravité des circonstances. Il est temps de mettre à profit toutes les forces vives de la capitale. Plus de méfiances, plus de haines, plus de craintes. »

Mais le général Trochu, aussi bien que Palikao et [que] Chevreau, le ministre de l’intérieur, le jésuite et le favori de l’impératrice, ont un parti pris, conforme à leur situation, à leurs buts et à leurs opinions : celui de tuer systématiquement l’élan spontané de la nation. Cela se voit surtout dans les mesures qu’ils ont prises et qu’ils continuent de prendre par rapport à la garde mobile. Ayant acquis la conviction que cette institution, qui devait former un intermédiaire utile entre l’armement populaire et les troupes régulières, était infectée d’un profond sentiment anti-bonapartiste et en partie républicain, ils l’ont condamnée à mort, sans égard pour les services immenses qu’elle aurait pu rendre en ce moment à la défense de la patrie. Nous avons vu ce qu’on a fait des gardes mobiles réunies à Châlons, aussi bien que près de Marseille. Maintenant voici ce que dit la Presse, journal |10 réactionnaire. Après avoir annoncé que les départements de la Nièvre et du Cher viennent d’être mis en état de siège, elle observe que « ces mesures se multiplient depuis quelques jours. Le pouvoir ne devrait en user qu’avec beaucoup de discernement ; » et à l’appui elle raconte ce qui s’est passé à Perpignan :