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sont très contents de savoir Rochefort en prison ; et ensuite, qu’il y a comme un parti pris de ne point faire d’opposition au gouvernement provisoire existant actuellement à Paris ?

l) Cette résolution est encore une conséquence naturelle de leur position singulière : ayant décidé que la révolution immédiate serait funeste à la France, et ne voulant par conséquent pas renverser ce gouvernement (parce que le renverser sans révolution est impossible, la majorité du Corps législatif étant absolument réactionnaire, de sorte que, pour changer ce gouvernement, il faudrait d’abord dissoudre violemment le Corps législatif), étant forcés de souffrir ce gouvernement qu’ils détestent, les radicaux sont trop patriotes pour vouloir l’affaiblir, car ce gouvernement est chargé maintenant de la défense de la France, de sorte que l’affaiblir ce serait affaiblir la défense, les chances de salut de la France. De là une conséquence nécessaire : les radicaux sont forcés de souffrir, de laisser passer en silence toutes les intrigues, les actes les plus iniques, même les plus funestes sottises de ce gouvernement, — car c’est une vérité reconnue et mille fois constatée et confirmée par l’expérience de toutes les nations, que dans les grandes crises de l’État, alors que l’État se trouve menacé par d’immenses dangers, mieux vaut un gouvernement fort, quelque mauvais qu’il soit, que l’anarchie qui résulterait nécessairement |6 de l’opposition qu’on lui ferait. Sans corriger les vices inhérents à ce gouvernement, l’opposition et l’anarchie qui s’ensuivraient affaibliraient considérablement sa puissance, son action, et diminueraient par conséquent les chances de salut pour la France.

m) Il en résulte quoi ? — Que l’opposition radicale, enchaînée doublement et par la répulsion instinctive que