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surtout militaire comme transition à la restauration monarchique (Thiers, et Trochu sans doute aussi, si la restauration directe se montrait impossible) ; et la république bourgeoise pour tout de bon (Gambetta et Comp.), — entre tous ces hommes [il y a[1]] une trève tacite. Ils mettent leurs drapeaux dans leurs poches et remettent la lutte des différents partis à des temps plus pacifiques, en se donnant la main aujourd’hui pour le salut de l’honneur et de l’intégrité de la France.

d) Ils sont tous sincèrement des patriotes de l’État. Séparés sur tant |2 de points, ils s’unissent complètement sur un seul : ils sont tous également des hommes politiques, des hommes d’État.

Comme tels ils n’ont de foi que dans les moyens réguliers, que dans les forces organisées par l’État, et une horreur égale pour la banqueroute qui en effet est la ruine et le déshonneur pour l’État, non pour la nation, pour le peuple ; une horreur pour les soulèvements, pour les mouvements anarchiques des masses populaires, qui sont la fin de la civilisation bourgeoise et une dissolution certaine pour l’État.

e) Ils voudraient donc sauver la France par les seuls moyens réguliers et par les forces organisées de l’État, en n’ayant recours qu’aussi peu que possible aux sauvages instincts de la vile multitude, qui offusquent la délicatesse exquise de leurs sentiments, de leur goût, et, ce qui est plus sérieux encore, menacent leur position et l’existence même de la société fortunée et privilégiée.

f) Pourtant ils sont forcés d’y avoir recours, car la position est très sérieuse et leur responsabilité immense.

  1. Mots omis dans le manuscrit. — J. G.