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avec Proudhon, qu’il voyait fréquemment : d’accord sur certains points essentiels, et divisés sur d’autres, il leur arrivait d’engager des discussions qui se prolongeaient des nuits entières. Il apprit également à connaître Mme George Sand, dont il admirait le talent, et qui était alors sous l’influence de Pierre Leroux. Ces années de Paris furent, pour le développement intellectuel de Michel Bakounine, des plus fécondes : c’est alors que s’ébauchèrent dans son esprit les idées qui constitueront son programme révolutionnaire ; mais elles sont encore mal débrouillées sur plus d’un point, et mêlées d’un reste d’idéalisme métaphysique dont il ne se débarrassera tout à fait que plus tard.

Il a donné lui-même les renseignements qui suivent sur ses relations intellectuelles avec Marx et avec Proudhon à cette époque :

« Marx — a-t-il écrit en 1871 (manuscrit français) — était beaucoup plus avancé que je ne l’étais, comme il reste encore aujourd’hui, non pas plus avancé, mais incomparablement plus savant que moi. Je ne savais alors rien de l’économie politique, je ne m’étais pas encore défait des abstractions métaphysiques, et mon socialisme n’était que d’instinct. Lui, quoique plus jeune que moi, était déjà un athée, un matérialiste savant et un socialiste réfléchi. Ce fut précisément à cette époque qu’il élabora les premiers fonde-