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dehors, que lorsqu’elles se sentirent profondément agitées et troublées à l’intérieur, et qu’au contraire jamais elles ne furent aussi faibles que lorsqu’elles apparaissaient unies sous une autorité et dans un ordre quelconques. Au fond rien de plus naturel : la lutte c’est la vie, et la vie c’est la force. Pour vous en convaincre, comparez entre elles quelques époques de votre propre histoire. Mettez en regard la France sortie de la Fronde, sous la jeunesse de Louis XIV, et la France de sa vieillesse, la monarchie solidement établie, unifiée, pacifiée par le grand roi ; la première toute resplendissante de victoires, la seconde marchant de défaite en défaite à la ruine. Comparez de même la France de 1792 avec la France d’aujourd’hui. Si jamais la France n’a été déchirée par la guerre civile, c’est bien en 1792 et 1793 ; le mouvement, la lutte, la lutte à vie et à mort, se produisait sur tous les points de la république ; et pourtant la France a repoussé victorieusement l’invasion de l’Europe presque toute entière coalisée contre elle. En 1870, la France unie et pacifiée de l’empire est battue par les armées de l’Allemagne, et se montre démoralisée au point qu’on doit trembler pour son existence.

Vous pourriez sans doute me citer l’exemple de la Prusse et de l’Allemagne actuelles, qui ne sont déchirées par aucune guerre civile, qui se montrent au contraire singulièrement résignées et soumises au despotisme de leur souverain, et qui néanmoins