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vous ne voulez pas vous perdre vous-mêmes, si vous êtes des hommes, si vous voulez la sauver. Pour cela, vous savez ce que vous avez à faire : l’administration, le gouvernement, la machine entière de l’État croule de toutes parts ; gardez-vous de vous en désoler, et de chercher à relever ces ruines. Affranchis de toute cette architecture officielle, faites appel à la vie populaire, à la liberté, et vous sauverez le peuple.

[1] Je reviens encore une fois aux paysans. Je n’ai jamais cru que, même dans les circonstances les plus favorables, les ouvriers pussent jamais avoir la puissance de leur imposer la collectivité ; et je ne l’ai jamais désiré, parce que j’abhorre de tout système imposé, parce que j’aime sincèrement et passionnément la liberté. Cette fausse idée et cette espérance liberticide constituent l’aberration fondamentale du communisme autoritaire, qui, parce qu’il a besoin de la violence régulièrement organisée, a besoin de l’État, et qui, parce qu’il a besoin de l’État, aboutit nécessairement à la reconstitution du principe de l’autorité et d’une classe privilégiée de fonctionnaires de l’État. On ne peut imposer la collectivité qu’à des esclaves, — et alors la collectivité devient la négation même de l’humanité. Chez un peuple libre,

  1. Le commencement de cet alinéa correspond à la ligne 22 de la page 52 du manuscrit de Bakounine. À partir d’ici., la brochure — fin de la Lettre III et commencement de la Lettre IV jusqu’à la p. 106, dernière ligne, de cette réimpression — reproduit presque sans changement le texte de Bakounine. Voir à l’Appendice, pages 234 (l. 23)-236 (l. 21). — J. G.