Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.

derniers, leur grossier égoïsme et leur attachement passionné à la propriété individuelle de la terre.

Les ouvriers qui leur reprochent tout cela devraient se demander d’abord : et qui n’est point égoïste ? Qui dans la société actuelle n’est point cupide, dans ce sens qu’il tient avec fureur au peu de bien qu’il a pu amasser et qui lui garantit, dans l’anarchie économique actuelle et dans cette société qui est sans pitié pour ceux qui meurent de faim, son existence et l’existence des siens ? Les paysans ne sont pas communistes, il est vrai ; ils redoutent, ils haïssent les partageux, parce qu’ils ont quelque chose à conserver, au moins en imagination, et l’imagination est une grande puissance dont généralement on ne tient pas assez compte dans la société. Les ouvriers, dont l’immense majorité ne possède rien, ont infiniment plus de propension au communisme, que les paysans ; rien de plus naturel : le communisme des uns et aussi naturel que l’individualisme des autres — il n’y a pas là de quoi se vanter, ni mépriser les autres — les uns comme les autres étant avec toutes leurs idées et toutes leurs passions, les produits de milieux différents qui les ont engendrés. Et encore, les ouvriers eux-mêmes sont-ils tous communistes ?

Il ne s’agit donc pas d’en vouloir aux paysans, ni de les dénigrer, il s’agit d’établir une ligne de conduite révolutionnaire qui tourne la difficulté qui non seulement empêcherait l’individualisme des paysans de les pousser dans le parti de la réaction,