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que Bakounine fit paraître (octobre 1842), sous le pseudonyme de « Jules Élysard », un travail où il aboutissait à des conclusions révolutionnaires. L’article est intitulé : La Réaction en Allemagne, fragment, par un Français, et se termine par ces lignes dont la dernière est devenue célèbre : « Confions-nous donc à l’esprit éternel, qui ne détruit et n’anéantit que parce qu’il est la source insondable et éternellement créatrice de toute vie. Le désir de la destruction est en même temps un désir créateur[1]. » Herzen, croyant au premier moment que l’article était réellement l’œuvre d’un Français, écrivit dans son journal intime, après l’avoir lu : « C’est un appel puissant, ferme, triomphant du parti démocratique… L’article est, d’un bout à l’autre, d’une grande portée. Si les Français commencent à populariser la science allemande, — ceux qui la comprennent, s’entend, — la grande phase de l’action va commencer. » Le poète Georg Herwegh, l’auteur déjà illustre des Gedichte eines Lebendigen, étant venu à Dresde, y logea chez Bakounine, avec lequel il se lia intimement ; ce fut aussi à Dresde que Michel

  1. « Lasst uns also dem ewigen Geiste vertrauen, der nur desshalb zerstört und vernichtet, weil er der unergründliche und ewig schaffende Quell alles Lebens ist. Die Lust der Zerstörung ist zugleich eine schaffende Lust. » Le mot Lust signifie à la fois « désir » et « plaisir ».