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armée ne raisonne pas, n’agit pas comme une force dirigeante et organisatrice, — elle se bat.

La seule et meilleure chose que Paris puisse faire dans l’intérêt de son propre salut et de celui de la France entière, c’est de proclamer et de provoquer l’absolue indépendance et spontanéité des mouvements provinciaux, — et si Paris oublie et néglige de le faire, pour quelque raison que ce soit, le patriotisme commande aux provinces de se lever et de s’organiser spontanément et indépendamment de Paris.

Ce soulèvement des provinces est-il encore possible ? Oui, si les ouvriers des grandes cités provinciales, Lyon, Marseille, Saint-Étienne, Rouen, et beaucoup d’autres, ont du sang dans les veines, de l’énergie dans le cœur et de la force dans les bras, s’ils sont des hommes vivants et non des doctrinaires socialistes.

Il ne faut pas compter sur la bourgeoisie. Les bourgeois ne voient et ne comprennent rien en dehors de l’État et des moyens réguliers de l’État. Le maximum de leur idéal, de leur imagination et de leur héroïsme, c’est l’exagération révolutionnaire de la puissance et de l’action de l’État au nom du salut public. Mais j’ai déjà démontré que l’action de l’État, à cette heure et dans les circonstances actuelles, loin de sauver la France, ne peut que la tuer[1].

  1. Ici, le texte de la brochure, qui a suivi le manuscrit de Bakounine jusqu’à la ligne 7 de la page 37 de ce manuscrit, l’abandonne pour un instant. Puis, après une intercalation empruntée aux pages 54-56, la brochure reviendra à la page 37 en continuant par la ligne 26 de cette page. — J. G.