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sensible, notre puissance militaire ; et cette augmentation de force matérielle était pourtant nécessaire pour que le Conseil fédéral pût maintenir dignement les droits nouveaux dont elle l’avait investi. Au contraire, bien que le nombre de nos troupes ait considérablement augmenté, et qu’en général notre armée soit beaucoup mieux organisée et disciplinée qu’elle ne l’était en 1848, il est certain que notre force de résistance, la seule que puisse avoir une aussi petite république que la nôtre, a diminué, et cela par deux raisons : d’abord, parce que la force militaire des grands États s’est accrue dans une proportion bien autrement sérieuse que chez nous ; et surtout, parce que l’énergie de notre résistance nationale repose beaucoup plus sur l’intensité des sentiments républicains qui animent nos populations et qui peuvent les soulever au besoin comme un seul homme, que sur l’organisation artificielle de nos forces régulières ; et parce que le système de centralisation politique, dont nous avons le bonheur de jouir depuis vingt-deux ans, a précisément pour effet, en Suisse comme partout, l’amoindrissement de la liberté, et |36 par conséquent aussi la disparition lente, mais certaine, de cette énergie, de la passion et de l’action populaire, qui est la vraie base de notre puissance nationale, l’unique garantie de notre indépendance.

Investi d’une grande responsabilité extérieure, mais non d’une force organisée suffisante pour la soutenir, et trop éloigné du peuple, par sa constitu-