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ditionnel et sacré de la Suisse, restait intact, et aucun gouvernement étranger n’avait le droit d’en vouloir pour cela au gouvernement fédéral, qui était fort contre tous, précisément par son impuissance.

Aujourd’hui, le pouvoir fédéral est puissant. Il a le droit incontestable de commander aux cantons dans toutes les questions internationales ; par là même, il est devenu responsable vis-à-vis de la diplomatie étrangère. Celle-ci n’a rien à démêler avec les gouvernements cantonaux, pouvant adresser désormais ses réclamations et ses injonctions au gouvernement fédéral, qui, n’ayant plus la possibilité de se retrancher derrière son impuissance qui n’existe constitutionnellement plus, doit ou bien obtem |35 pérer à la demande qui lui est faite, ou bien, se renfermant dans son droit et dans le sentiment de la dignité nationale, dont il est aujourd’hui le seul représentant officiel vis-à-vis de toutes les puissances étrangères, y opposer son refus. Mais si, dans la plupart des cas, il ne peut consentir, sans lâcheté, à ce que ces puissances exigent de lui, il faut reconnaître, d’un autre côté, qu’un refus de sa part, tout en sauvant notre dignité nationale, peut exposer la république à de grands dangers.

Telle est la position difficile que la constitution de 1848 a faite au Conseil fédéral. En concentrant et en rendant par là même beaucoup plus saisissable la responsabilité politique de notre petite république vis-à-vis des grands États de l’Europe, elle n’a pas pu augmenter, en même temps, d’une manière fort