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ses extravagances révolutionnaires, comme le parti conservateur ou aristocratique, de son côté, a renoncé à toutes ses aspirations surannées. Il n’y a proprement presque plus de différence entre les deux partis, et nous les verrons bientôt se confondre en un seul parti de la conservation et de la domination bourgeoise, opposant une résistance désespérée aux aspirations révolutionnaires et socialistes du peuple. Faut-il s’étonner, après cela, que la presse radicale n’ait pas rempli ce qu’elle ne considère plus comme son devoir ? Sachons-lui gré déjà de n’avoir pas ostensiblement pris le parti des gouvernements.

Mais supposons que d’une manière ou d’une autre, soit par la presse, soit par un autre moyen, l’attention des populations d’un ou de plusieurs cantons soit attirée sur quelque mesure impopulaire ordonnée par le Conseil fédéral et exécutée par leurs gouvernements cantonaux. Que pourront-elles faire pour en arrêter l’exécution ? Rien. Renverseront-elles leur gouvernement ? Mais l’intervention des troupes fédérales saura bien les en empêcher. Protesteront-elles dans leurs assemblées populaires ? Mais le Conseil fédéral n’a rien à démêler avec les assemblées populaires, il ne reconnaît d’autre limite à son pouvoir que les ordres émis par les Chambres fédérales ; et pour que ces dernières embrassent le parti des popu |33 lations indignées, il faut que la même indignation ait gagné au moins la moitié des cantons de la Suisse. Pour renverser le pouvoir fédéral, le Conseil fédéral et les Chambres législatives y comprises, il