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pour objet des questions que le peuple connaît très mal et souvent ne comprend pas du tout.

Il s’ensuit que les Grands-Conseils cantonaux sont déjà et doivent nécessairement être beaucoup plus éloignés du sentiment populaire que les Conseils communaux. Pourtant on ne peut pas dire qu’ils lui soient absolument étrangers. Grâce à la longue pratique de la liberté et à l’habitude du peuple suisse de lire les journaux, nos populations suisses connaissent au moins en gros leurs affaires cantonales et s’y intéressent plus ou moins.

Par contre, elles ignorent complètement les affaires fédérales et n’y attachent aucun intérêt, d’où il résulte qu’il leur est absolument indifférent de savoir qui les représente et ce que leurs délégués[1] jugeront utile de faire dans l’Assemblée fédérale.

Le Conseil des États, composé de membres élus par les Conseils des cantons[2], est par lui-même encore plus éloigné du peuple que cette première Chambre issue au moins directement de l’élection populaire. Il représente la double quintessence du parlementarisme bourgeois. Il est entièrement dominé par les abstractions politiques et par les inté-

  1. Par ces mots « leurs délégués », Bakounine désigne les membres du Conseil national, c’est-à-dire de la Chambre élue par le peuple et où les cantons sont représentés d’une manière proportionnelle au chiffre de leur population. — J. G.
  2. Aujourd’hui, dans un certain nombre de cantons, les membres du Conseil des États (ils sont au nombre de deux par canton, quel que soit le chiffre de la population) sont élus non plus par le Grand-Conseil, mais par le peuple lui-même ; les choses d’ailleurs n’en vont pas mieux pour cela. — J. G.