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devoir d’y envoyer autant de troupes fédérales, prises dans les autres cantons, qu’il sera nécessaire pour rétablir l’ordre public et pour rendre force aux lois et à la constitution du canton. Les troupes ne sortiront pas du canton avant que l’ordre constitutionnel et légal n’y soit parfaitement rétabli ; c’est-à-dire, en nommant franchement les choses par leur nom, avant que le régime, les idées et les hommes qui jouissent des sympathies du Conseil fédéral n’aient complètement triomphé. Telle a été l’issue de la dernière insurrection du canton de Genève en 1864.

Cette fois, les radicaux ont pu apprécier à leurs propres dépens les conséquences du système de centralisation politique inauguré par eux-mêmes en 1848. Grâce à ce système, les populations républicaines des cantons ont aujourd’hui un souverain tout puissant : le pouvoir fédéral ; et, pour sauvegarder leur liberté, c’est ce pouvoir-là qu’elles doivent pouvoir contrôler et même renverser au besoin. Il me sera facile de prouver qu’à moins de circonstances tout à fait extraordinaires, à moins qu’une passion unanime et puissante ne s’empare de toute la nation suisse, de tous les cantons en même temps, ni ce contrôle, ni ce renversement ne seront jamais possibles.

Voyons d’abord comment est constitué le pouvoir fédéral ? Il est composé de l’Assemblée fédérale, pouvoir législatif, et du Conseil fédéral, pouvoir exécutif. L’Assemblée fédérale est composée de deux chambres : la Chambre nationale, élue directement