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ne lui demande pas même de preuves judiciaires, sa seule parole lui suf |18 fit. D’ailleurs, il sait fort bien que si des preuves judiciaires devenaient nécessaires, il suffirait au tsar de faire un signe, pour que les tribunaux russes prononcent contre ce malheureux Netchaïef les accusations et les condamnations les plus impossibles. Il a donc voulu épargner au gouvernement du tsar cette peine inutile, et, se contentant de sa simple parole, il a ordonné l’arrestation du patriote russe, comme assassin et comme fabricateur de faux billets.

Ces malheureux billets russes ont servi de prétexte pour faire des visites domiciliaires chez plusieurs émigrés à Genève. On savait qu’on ne trouverait pas l’ombre d’un billet chez eux. Mais on avait sans doute espéré mettre la main sur quelque correspondance politique qui compromettrait nécessairement une foule de personnes tant en Russie qu’en Pologne, et qui dévoilerait les projets révolutionnaires de ce terrible Netchaïef. On ne trouva rien et on se couvrit de honte, voilà tout. Mais pourquoi chercher avec ce zèle extra-républicain les traces d’une correspondance, des papiers et des lettres qui ne pouvaient intéresser en aucune façon la République suisse ? Voulait-on enrichir la bibliothèque du Conseil fédéral ? C’est peu probable, c’était donc pour les livrer à la curiosité du gouvernement russe ; d’où il résulte clairement que la police cantonale de Genève, suivant l’exemple donné par la police vaudoise et obéissant aux ordres du même Conseil fédéral,