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malgré que l’expérience des siècles lui ait bien démontré que les triomphes militaires doivent fatalement aboutir au césarisme. Le républicain socialiste déteste la grandeur, la puissance et la gloire militaire de l’État, — il leur préfère la liberté et le bien-être. Fédéraliste à l’intérieur, il veut la confédération internationale, d’abord par l’esprit de justice, ensuite parce qu’il est convaincu que la révolution économique et sociale, dépassant les bornes artificielles et funestes des États, ne pourra se réaliser, au moins en partie, que par l’action solidaire sinon de toutes, au moins de la plus grande partie des nations qui constituent aujourd’hui le monde civilisé, et que toutes, tôt ou tard, devront finir par s’y rallier. — Le républicain exclusivement politique est un stoïcien ; il ne se reconnaît point de droits, seulement de devoirs, ou comme dans la république de Mazzini, il n’admet qu’un seul droit : celui de se dévouer et de se sacrifier toujours pour la patrie, ne vivant que pour la servir et mourant pour elle avec joie, comme dit la chanson dont M. Alexandre Dumas a gratuitement doté les Girondins : « Mourir pour la patrie, c’est le sort le plus beau, le plus digne d’envie. » Le socialiste, au contraire, s’appuie sur ses droits positifs à la vie et à toutes les jouissances tant intellectuelles et morales que physiques de la vie. Il aime la vie, et il veut en jouir pleinement. Ses convictions faisant