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s’arma d’une critique aussi profonde et pénétrante qu’impitoyable, pour détruire tous leurs systèmes. Opposant la liberté à l’autorité, contre ces socialistes d’État, il se proclama hardiment anarchiste, et à la barbe de leur déisme ou de leur panthéisme, il eut le courage de se dire simplement athée, ou plutôt avec Auguste Comte positiviste.

Son socialisme à lui, fondé sur la liberté tant individuelle que collective, et sur l’action spontanée des associations libres, n’obéissant à d’autres lois qu’aux lois générales de l’économie sociale, découvertes ou qui sont à découvrir par la science, en dehors de toute réglementation gouvernementale et de toute protection de l’État, subordonnant d’ailleurs la politique aux intérêts économiques, intellectuels et moraux de la société, devait plus tard et par une conséquence nécessaire aboutir au fédéralisme.

Tel fut l’état de la science sociale avant 1848. La polémique des journaux, des feuilles volantes et des brochures socialistes porta une masse de nouvelles idées au sein des classes ouvrières ; elles en étaient saturées, et lorsque la révolution de 1848 éclata, le socialisme se manifesta comme une puissance.

Le socialisme, avons-nous dit, fut le dernier enfant de la grande révolution ; mais avant de l’avoir enfanté, elle avait donné le jour à un héritier plus direct, son aîné, l’enfant bien-aimé des Robespierre et des Saint--