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prit de cette Révolution, qui avait fini par substituer l’action omnipotente de l’État à toute initiative individuelle, il avait conçu un système politique et social, conformément auquel la république, expression de la volonté collective des citoyens, après avoir confisqué toutes les propriétés individuelles, les administrerait dans l’intérêt de tous, répartissant à portions égales à chacun : l’éducation, l’instruction, les moyens d’existence, les plaisirs, et forçant tous sans exception, selon la mesure de forces et de capacité de chacun, au travail tant musculaire que nerveux. La conspiration de Babeuf échoua, il fut guillotiné avec plusieurs de ses amis. Mais son idéal d’une république socialiste ne mourut point avec lui. Recueillie par son ami Buonarotti, le plus grand conspirateur de ce siècle, cette idée fut transmise par lui comme un dépôt sacré aux générations nouvelles, et grâce aux sociétés secrètes qu’il fonda en Belgique et en France, les idées communistes germèrent dans l’imagination populaire. — Elles trouvèrent depuis 1830 jusqu’à 1848 d’habiles interprètes dans Cabet et M. Louis Blanc, qui établirent définitivement le socialisme révolutionnaire. Un autre courant socialiste, parti de la même source révolutionnaire, convergeant au même but, mais par des moyens absolument différents, et que nous appellerions volontiers le socialisme doctrinaire, fut créé par deux hommes éminents : Saint-Simon et