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d’après la justice revient au travail, et par cela même donnez au peuple la sécurité, l’aisance, le loisir, et alors, croyez-le bien, il s’instruira, il créera une civilisation plus large, plus saine, plus élevée que la vôtre.

C’est en vain aussi qu’on se dirait avec les économistes que l’amélioration de la situation économique des classes ouvrières dépend du progrès général de l’industrie et du commerce dans chaque pays et de leur complète émancipation de la tutelle et de la protection des États. La liberté de l’industrie et du commerce est certainement une bien grande chose et l’un des fondements essentiels de la future alliance internationale de tous les peuples du monde. Amis de la liberté quand même, de toutes les libertés, nous devons l’être également de celles-ci. Mais d’un autre côté nous devons reconnaître que tant qu’existeront les États actuels et tant que le travail continuera d’être le serf de la propriété et du capital, cette liberté, en enrichissant une minime portion de la bourgeoisie au détriment de l’immense majorité des populations, ne produira qu’un seul bien : celui d’énerver et de démoraliser plus complètement le petit nombre des privilégiés, d’augmenter la misère, les griefs et la juste indignation des masses ouvrières, et par là même de rapprocher l’heure de la destruction des États.