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─ Et comme les États antiques ont péri par l’esclavage, de même les États modernes périront par le prolétariat.

C’est en vain qu’on s’efforcerait de se consoler par l’idée, que c’est un antagonisme plutôt fictif que réel, ou qu’il est impossible d’établir une ligne de démarcation entre les classes possédantes et les classes dépossédées, ces deux classes se confondant l’une avec l’autre par une quantité de nuances intermédiaires et insaisissables. Dans le monde naturel ces lignes de démarcation n’existent pas non plus ; dans la série ascendante des êtres, il est impossible de montrer par exemple le point où finit le règne végétal et où commence le règne animal, où cesse la bestialité et où commence l’humanité. Il n’en existe pas moins une différence très réelle entre la plante et l’animal, entre celui-ci et l’homme. De même dans l’humaine société, malgré les positions intermédiaires qui forment une transition insensible d’une existence politique et sociale à une autre, la différence des classes est néanmoins très marquée, et tout le monde saura distinguer l’aristocratie nobiliaire de l’aristocratie financière, la haute bourgeoisie de la petite bourgeoisie, et celle-ci des prolétaires des fabriques et des villes ; aussi bien que le grand propriétaire de la terre, le rentier, le paysan propriétaire qui cultive lui-même la terre, le fermier du simple prolétaire de campagne.